En plein hiver, il n'est pas rare que Montmartre prenne des allures de vrai village de montagne. C'est encore plus vrai depuis trois semaines, surtout si vous vous baladez du côté de la rue Ravignan. C'est en effet tout en haut, à deux pas de la place Emile Goudeau, que Jean-Philippe Favre a ouvert sa "Jurasserie Fine" ; un jeu de mots subtil pour décrire le nouveau repère de tous les gourmands et autres amateurs d'authenticité du quartier.
Parce que Jean-Philippe, il ne plaisante pas du tout avec la qualité des produits proposés. Passionné depuis longtemps par les produits du terroir et par la région du Jura qu'il a épousée il y a une vingtaine d'années en même temps qu'une fille du pays, cet alsacien d'origine et ancien marin avait envie de partager ses connaissances et de faire découvrir tous ces produits. Et s'il a choisi Montmartre pour poser ses valises, ça n'est pas non plus un hasard, puisqu'il y a retrouvé cette ambiance si caractéristique des villages : "vous connaissez encore un quartier de Paris où l'on écoute les cloches de l'église pour savoir l'heure qu'il est ?".
L'idée de Jean-Philippe Favre est de proposer les produits des petits producteurs jurassiens qui ne peuvent pas vendre leurs marchandises à Paris. Il effectue donc l'aller-retour régulièrement entre la Butte et les montagnes du Jura, et sélectionne avec une attention toute particulière les produits vendus dans sa boutique. Tout est bio ou du terroir, des vins aux confitures en passant par la charcuterie ou le fromage, et tout est vraiment bon ! Le fromage est à tomber (des comtés fabriqués et affinés à plus de 700 m d'altitude, du Mont d'Or fabriqué avec le lait de vache issu de la ferme Mamet…) , la charcuterie est extraordinaire (LA saucisse de Morteau de Jean-Christophe Bouhéret, le jambon fumé issu de porcs élevés à 1000 m d'altitude), et on trouve même de la bière artisanale du Jura brassée au fond de la grange !
A la Jurasserie Fine, tout est authentique, et le patron est en plus particulièrement sympathique. Ici, on ne se prend pas la tête, on se tutoie, on se raconte les dernières histoires du quartier, et on se prend à imaginer que d'ici quelques semaines, il faudra peut-être chausser les skis de fond pour venir s'approvisionner rue Ravignan ; parce qu'à Montmartre, c'est bien connu, nous sommes de vrais montagnards !
Crédits photos : Franck Prignet