Dior, Chanel, Yves Saint-Laurent, Carven… Autant de grands couturiers qui font rêver, et que beaucoup d’entre nous n’auront jamais les moyens de s’offrir… A moins de connaître Prisca et sa boutique vintage nichée au pied de la Butte Montmartre ! Tout au début de l’été, la pétillante jeune femme est venue poser ses valises et autres malles remplies de trésors rue du Mont-Cenis, à deux pas de la Mairie, et depuis, quiconque s’intéresse un tant soit peu à la mode a forcément inscrit l’adresse parmi ses incontournables.
L’histoire de Prisca n’est pas banale. Originaire du Congo Brazzaville, elle arrive en France à l’âge de 25 ans. Réfugiée, elle enchaîne les petits boulots pour survivre, pouvoir se loger et obtenir des papiers. Alors qu’elle rêvait d’être journaliste, elle se retrouve femme de ménage, vendeuse dans différentes enseignes de prêt-à-porter et d’accessoires, puis gérante d’un restaurant Place des Vosges. Après les galères, sa situation s’améliore, sa vie est désormais en France, et elle peut s’adonner à l’une de ses passions : chiner des vêtements vintage.
Au Congo, elle a été élevée par sa tante maternelle. « C’était une femme exceptionnelle, qui organisait de grandes réceptions où hommes et femmes rivalisaient d’élégance. On regardait des films français, et Paris nous faisait rêver. C’est elle qui m’a donné le goût des belles choses, et qui m’a tout appris ». A Paris, elle continue de rêver devant les vitrines des grands couturiers, et découvre qu’on peut trouver des pièces rares chez Emmaüs ou aux puces, entre autre…
Elle commence à se faire une jolie garde-robe, et quand le restaurant de la Place des Vosges ferme ses portes en 2013, elle se dit qu’il est peut-être temps d’essayer de faire un métier qui lui plaise vraiment. « J’avais la marchandise avant d’avoir la boutique ! ». Elle se met alors en quête d’un local et ouvre son premier magasin vintage dans le 10e arrondissement. L’affaire tourne bien, mais elle est malheureusement contrainte de quitter les lieux, non sans perdre quelques plumes au passage… Sauf qu’il en faut plus pour l’atteindre, et c’est par hasard qu’elle trouve le local de la rue du Mont-Cenis : « j’ai rencontré la propriétaire et je lui ai raconté mon histoire. Ma seule garantie, c’était mon travail. Elle m’a dit « je crois en vous », et grâce à sa confiance, j’ai pu ouvrir Prisca Paris ».
Il faut dire que Prisca ne peut qu’être convaincante dès qu’il s’agit de parler de sa passion. « Moi, je suis africaine, et pourtant je me sens plus parisienne que les parisiennes. Vous vous rendez compte, le monde entier nous envie, et il y a des gens qui osent aller à l’Opéra en baskets !!! ». Son icône, c’est Audrey Hepburn « la classe à l’état pur » ; on la retrouve d’ailleurs un peu partout dans la boutique. Aujourd’hui, elle se donne pour ambition de sublimer la femme et de faire revivre l’élégance à la française. Pour cela, elle continue de chiner, principalement chez les particuliers, mais aussi dans les ventes aux enchères ou encore aux Puces ; « mais jamais sur internet ! J’ai besoin de toucher les vêtements, de sentir les tissus, d’apprécier les coupes… Et puis surtout, j’ai besoin de connaître leur histoire ! Il n’y a pas dans ma boutique un seul vêtement ou accessoire dont je ne sache à qui il a appartenu ou d’où il vient ».
Chez Prisca, on est un peu comme dans un musée de la mode. On trouve des robes, des vestes, des tailleurs, des pantalons, des jupes, des chemisiers, des manteaux, des chaussures, des sacs, des foulards, des chapeaux ou encore des bijoux des années 30 aux années 70, des grandes marques mais parfois d’autres moins connues « pourvu que ça ait de l’allure ». Egalement conseillère en image, Prisca sait trouver les vêtements qui conviennent à chaque morphologie, et à l’aide d’un joli foulard ou d’une ceinture, elle vous transforme une tunique basique en chemise habillée.
Prisca assume son ambition de vouloir redorer le blason de l’élégance parisienne, et rêverait de devenir l’ambassadrice du chic à la française. Honnêtement, elle a raison d’y croire, parce qu’elle a vraiment du talent. Mais en attendant, elle se réjouit tous les jours de retrouver ses clientes qui viennent de plus en plus loin pour trouver la perle rare : « j’aime tellement mon travail ! Et je pense que le travail finit toujours par payer ». Prochainement, elle assouvira son autre passion pour la littérature en organisant des rencontres littéraires dans la boutique. En attendant, vous savez ce qu’il vous reste à faire si pour vous le chic et l’élégance ont un sens.
Publié le 8 février 2018