Le Moulin Rouge, ses danseuses, son strass, ses paillettes et ses plumes ; tout le monde les connaît ! Mais vous êtes vous déjà posé la question de savoir comment étaient fabriqués ces splendides costumes, et plus particulièrement qui s'occupait des plumes ? Bonne question non ?
En effet, on ne sait pas forcément que les coulisses du plus célèbre cabaret parisien abritent l'un des ateliers les plus étonnants et les plus renommés dans sa spécialité la plumasserie, j'ai nommé la Maison Février.
Fondé en 1929 par monsieur et madame Février, l'atelier était initialement spécialisé dans les fournitures pour chapeaux. Très rapidement, il est sollicité pour des créations plus originales, mais c'est Mistinguett qui fera sa réputation. La Miss, qui se produit sur la scène du Moulin Rouge justement, exige pour elle et ses girls des costumes toujours plus originaux et extravagants, dans une débauche de plumes qui permettront à la Maison Février de devenir le spécialiste des costumes de Music-Hall.
L'atelier collabore au fil des années avec les plus grandes stars, les salles de spectacles les plus prestigieuses (Lido, Folies Bergères, Alcazar…) mais également les plus grandes maisons de couture (Chanel, Gaultier, Lacroix, Saint-Laurent, Dior, etc…).
C'est dans le cadre de sa politique de conservation du patrimoine artisanal français que le Moulin Rouge rachète en 2009 la Maison Février, qui s'installe alors dans un très bel atelier au 11 rue Lepic, juste derrière la salle de spectacle. Pénétrer dans cet atelier, c'est comme faire un voyage au pays des fées. L'endroit est tout simplement magique, baigné de lumière et gorgé des couleurs toutes plus éclatantes des plumes qu'on peut y trouver.
Quatre ouvrières y travaillent au quotidien, pour créer, réparer et entretenir costumes et autres coiffes qui composent la revue du Moulin Rouge, mais également les nombreuses commandes de leurs différents clients. On n'imagine pas la patience et la minutie nécessaires à la réalisation de ces costumes, sachant que tout est fait à la main, et que la seule machine présente dans l'atelier est une machine à coudre dont elles ne se servent que pour coudre les boas. Il faut par exemple presque un mois de travail pour créer une coiffe composée de plus de 500 plumes d'autruches toutes découpées une par une aux ciseaux…
On n'imagine pas non plus tout ce qu'on peut faire avec des plumes, qu'elles soient frisées, gaufrées, parées ou découpées. Il s'agit véritablement d'un savoir-faire unique, et l'atelier de la rue Lepic renferme un véritable trésor, avec ses milliers de plumes minutieusement triées et rangées par ces femmes passionnées et passionnantes.
Décidément, Montmartre cache encore bien des merveilles insoupçonnées…
