Emilie Biens est artiste peintre et illustratrice. Un conseil : retenez bien son nom, car quelque chose nous dit que lâon nâa pas fini dâen entendre parler. La jeune femme a posĂ© ses valises Ă Montmartre voilĂ presque deux ans, dâabord du cĂŽtĂ© de la rue Feutrier, aujourdâhui plus prĂšs des Abbesses, et elle ne compte pas les reprendre de si tĂŽt, parce quâelle ne sâĂ©tait jamais sentie aussi bien quelque part. De son propre aveu, le quartier lâapaise, et elle ressent comme une symbiose entre elle et La Butte. Et Ă en juger par son parcours, il se pourrait bien que Montmartre lui porte chanceâŠ
Tout commence au lycĂ©e, alors quâelle effectue son stage dâobservation en entreprise au Museum dâHistoire Naturelle. Elle y dessine en cachette des crustacĂ©s, ce qui ne manque pas dâattirer lâattention des employĂ©s du Museum. Une fois le Bac en poche, elle les rappelle, mais ils nâont pas de poste pour elle. QuâĂ cela ne tienne, ils la recommandent auprĂšs de lâaquarium de la Porte DorĂ©e. Sa passion pour les photos subaquatiques mĂȘlĂ©e Ă son formidable coup de crayon en font ainsi la candidate parfaite pour dessiner les panneaux pĂ©dagogiques pour le public.
DĂšs la rentrĂ©e, elle sâinscrit dans une Ă©cole dâart, mais bien quâelle soit dâemblĂ©e premiĂšre de sa promotion, la formation ne lui correspond pas du tout et elle dĂ©cide de tout plaquer et de changer de vie. AssoiffĂ©e de culture et de connaissances, elle prend la direction de la Sorbonne oĂč elle passe son CAPES dâhistoire et dâhistoire de lâart, ainsi quâun Master des mĂ©tiers de lâenseignement. Elle commence alors Ă enseigner dans des lycĂ©es en zones sensibles, oĂč elle anime Ă©galement des ateliers de dessin.
AnimĂ©e par un vrai goĂ»t pour la transmission du savoir, sa voie semble toute tracĂ©e dans lâenseignement. Mais câest sans compter sur lâappel aussi inattendu que providentiel du Museum dâHistoire Naturelle qui nâa pas oubliĂ© son talent exceptionnel. A partir de ce moment, les Ă©vĂ©nements sâenchainent Ă une vitesse folle. AprĂšs le Museum, qui lui permet de se spĂ©cialiser dans le dessin scientifique et animalier, câest le MusĂ©e de la Grande Guerre de Meaux qui la contacte. En dĂ©cembre 2014, elle commence Ă y travailler en tant quâillustratrice et devient membre du comitĂ© de rĂ©daction de leur magazine ; nâoublions pas quâEmilie est Ă©galement fĂ©rue dâHistoire !
TrĂšs vite, elle adapte sa technique Ă lâencre de Chine pour la rĂ©alisation de peintures sur toiles Ă lâacrylique. Elle commence Ă exposer dans des petites galeries, oĂč ses Ćuvres rencontrent immĂ©diatement beaucoup de succĂšs. Modeste, Emilie reste trĂšs Ă©tonnĂ©e par lâengouement que suscite son travail ; nous nettement moins ! Son style si particulier plaĂźt aux nĂ©ophytes autant quâaux professionnels, Ă tel point quâaprĂšs avoir intĂ©grĂ© la Fondation Taylor, elle a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©e pour participer au Salon National des Beaux-Arts qui se tiendra au Carrousel du Louvre le week-end prochain. Elle a Ă©galement Ă©tĂ© choisie par la Mairie de Paris pour obtenir une place dâinvitĂ©e sur notre Place du Tertre, oĂč nous la retrouverons durant un mois Ă partir du 21 dĂ©cembre. « Câest une expĂ©rience que jâavais envie de vivre, pour voir⊠».
Si sa carriĂšre dâartiste semble bel et bien lancĂ©e, Emilie nâen oublie pas moins ses premiĂšres amours pour lâenseignement. Câest pour cette raison quâelle donne depuis septembre dernier des cours de dessin dans son petit atelier de la rue Berthe. Ce besoin de transmission est vital pour elle, et bien quâelle se reconnaisse volontiers comme quelquâun de particuliĂšrement exigeant, ses Ă©lĂšves lâadorent.
Aujourdâhui, Emilie se sent libre, parce quâaprĂšs sâĂȘtre longtemps demandĂ© de façon quasi obsessionnelle ce quâelle pourrait faire de sa vie, elle a enfin le sentiment dâĂȘtre en harmonie avec elle-mĂȘme. MĂȘme si on lui a toujours dit quâelle dessinait bien, personne ne lâavait jamais rĂ©ellement encouragĂ© dans cette voie, et câest Ă force de travail, de rigueur et de patience quâelle assume dĂ©sormais son statut dâartiste ; une artiste surdouĂ©e et atypique, loin des clichĂ©s bohĂšme du « peintre maudit », mais terriblement intelligente et surtout trĂšs attachante.
Celle qui se rĂȘvait ocĂ©anologue semble aujourdâhui nager en plein bonheur et fourmille de projets. Elle travaille actuellement Ă la rĂ©alisation dâun atlas sur les crustacĂ©s pour le Museum dâHistoire Naturelle, ainsi que sur un projet de bande-dessinĂ©e consacrĂ©e Ă lâoccupation du Nord-Est de la France pendant la PremiĂšre Guerre Mondiale. Elle consacre Ă©galement une partie de son temps Ă la rĂ©alisation de fresques murales.
Si vous passez par la rue Berthe et que vous voyez de la lumiĂšre, nâhĂ©sitez pas Ă frapper au carreau, Emilie sera toujours ravie de pouvoir vous montrer son travail. Sinon, il se peut que vous la croisiez chez Babalou rue Lamarck, ou encore Ă la terrasse du Botak CafĂ© rue Paul Albert oĂč elle a gardĂ© ses habitudes. Amoureuse de Paris depuis toujours, elle lâest encore plus aujourdâhui de Montmartre, et on adore le regard quâelle porte au travers de ses Ćuvres sur le quartier. Et vous ?
© Photos et illustrations Emilie Biens â Tous Droits RĂ©servĂ©s