Ouvertes depuis quelques mois, les galeries Joël Knafo ont déjà pas mal fait parler d’elles à Montmartre… C’est en effet à ce même Joël Knafo que l’on doit la transformation de la rue Véron en œuvre d’art en octobre dernier, et tous, riverains comme touristes de passage, ont pu apprécier ces collages qui ont redonné le sourire à la rue. L’installation ne s’est pas faite par hasard, puisqu’elle coïncidait avec l’inauguration officielle des deux galeries de Joël, respectivement situées au 21 et au 24 de la rue. Mais plus que des galeries, ces lieux sont de véritables incubateurs d’idées et de talents, Joël Knafo n’étant pas réellement un galeriste comme les autres…
A la tête d’une grosse agence de communication durant de nombreuses années, notre homme décide un jour de tout revendre pour faire autre chose, sans pour autant avoir d’idée précise. Il se cherche un moment, mais c’est finalement sa rencontre avec une artiste qui servira de déclencheur. Il décide alors d’ouvrir une galerie, et s’installe dans un magnifique et grand local du 13e arrondissement. La première expo rencontre un succès certain, la seconde un peu moins, et à la troisième, il réalise qu’il est en train de se planter, et que le métier de galeriste n’est plus celui d’un simple commerçant. Parce qu’il fait partie de ceux qui savent qu’on apprend toujours de ses échecs, en septembre 2014, il commence à réfléchir à une nouvelle façon d’envisager son métier. Les choses se mettent en place progressivement, il quitte le 13e arrondissement en octobre 2015, et cherche un nouveau lieu.
Parce qu’il habite Montmartre depuis une vingtaine d’années et qu’il connaît bien le potentiel du quartier, il saisit l’opportunité de récupérer un premier petit local au 21 rue Véron, qui ouvre en mai 2016. Quelques mois plus tard, il récupère le N°24, et peut désormais aller au bout de son projet : celui de faire bouger les lignes en bousculant le schéma classique de fonctionnement des galeries.
De nature très curieuse, Joël fonctionne par associations d’idées. C’est ainsi qu’il imagine d’abord des projets avant de contacter les artistes, parce qu’il a compris qu’aujourd’hui, tout devait être événementialisé. Plus qu’un galeriste, Joël est surtout un producteur, accompagnant les artistes à la genèse de leurs créations. Il entretient des relations privilégiées avec chacun d’entre eux, ne serait-ce que parce qu’ils passent beaucoup de temps ensemble pour monter ces projets. Pour aboutir par exemple à l’installation d’Herard et Levalet rue Véron en octobre, il aura fallu plus d’un an de travail. Et l’aventure ne s’arrête pas là, puisqu’en plus des œuvres que l’on peut trouver à la galerie et de la vidéo réalisée pour l’occasion, un livre vient de sortir, véritable restitution du projet.
C’est d’ailleurs une autre facette du métier de Joël, celle de l’édition d’art et grand public, façon d’amener les gens à s’intéresser à l’art ; car si le côté « galerie » peut en effrayer certains, les lithographies ou impressions offset sont bien souvent plus accessibles, et encouragent à aller plus loin. C’est aussi vrai dans les faits rue Véron, puisque du 21, où l’on trouve le travail d’édition, Joël conduit les visiteurs jusqu’au 24, son lieu d’exposition.
Aujourd’hui, Joël travaille de manière privilégiée avec six ou sept artistes d’art urbain, parmi lesquels Gottfried Salzmann, Jo Di Bona, Speedy Graphito ou encore Jacques Villeglé. Et parce qu’il a lui même été collectionneur avant de faire ce métier, il propose également d’accompagner ses clients en réalisant pour eux un travail de conseil en matière de collection : « il faut se méfier des coups de cœur, et à une certaine époque, j’aurais bien aimé qu’on me conseille dans le choix de mes acquisitions. Le fait de vraiment bien connaître les artistes avec lesquels je travaille me permet d’appréhender les choses autrement, et d’aider mes clients à créer des collections cohérentes ».
Nul besoin cependant d’être collectionneur pour simplement découvrir les talents d’agitateur artistique de Joël Knafo, au contraire ! Ce qui l’intéresse avant tout, c’est de créer du lien, aussi bien entre les disciplines qu’avec les artistes et le public, mais plus particulièrement aussi avec le voisinage ; une ambition qui a du sens quand on s’intéresse à l’art urbain. C’est aussi pour cette raison que ses galeries ont toute leur place rue Véron, et de manière plus générale à Montmartre, où depuis toujours, l’art est au cœur de notre quotidien.