Pour beaucoup d’enfants, l’histoire racontée par papa ou maman avant de s’endormir fait partie des rituels qui leur permettent de s’éveiller à la lecture dès le plus jeune âge. Qu’il s’agisse de ceux qu’on leur lit ou qu’ils feuillettent juste pour les images, les petits adorent les livres, et il y a en France de nombreuses maisons d’édition jeunesse. Mais saviez-vous qu’il en existait une à Montmartre ?
Tout commence au début des années 2010. Raphaëlle est éditrice depuis une dizaine d’années dans le domaine des livres scolaires et scientifiques. Son métier lui plaît, mais la jeune maman peine à trouver une place en crèche pour son bébé et nourrit des envies d’indépendance et d’entreprenariat. Sa première idée est d’ouvrir une librairie qui puisse également accueillir des enfants en bas-âge. Mais si l’idée est séduisante, la mise en œuvre s’avère beaucoup complexe, est c’est en se renseignant sur la réglementation des modes de garde qu’elle découvre les micro-crèches.
Séduite par le concept, elle s’associe avec Sandrine pour ouvrir un premier établissement en 2012 au métro Anvers, puis un second deux ans plus tard au métro Blanche, et un troisième un an après au métro Saint-Georges. Les micro-crèches fonctionnent bien, et l’histoire aurait pu s’arrêter là, jusqu’à ce que Raphaëlle réalise que ses salariées lui demandent régulièrement de leur plastifier les fiches dont elles se servent pour animer des ateliers comptines. C’est ainsi qu’elle a l’idée de créer des imagiers ; mais pourquoi les confier à un éditeur alors qu’il s’agit de son premier métier ?
Raphaëlle habite Montmartre depuis des années, et comme beaucoup de mamans, elle a son réseau de copines qu’elle retrouve régulièrement pour prendre un café après avoir déposé les enfants à l’école. Leur QG, c’est l’Etoile de Montmartre, et c’est au comptoir du « café rouge » que le projet d’imagier se concrétise. Les mamans trouvant l’idée super, l’une d’elle lui présente Charlotte Roederer qui, séduite par le projet, illustre les imagiers. Après les micro-crèches naissent les Editions La Marmotière, en référence aux « marmots » et autres poulbots de la Butte et d’ailleurs.
Devant le succès rencontré par la collection, Raphaëlle a demandé à Camille de la rejoindre en tant que directrice éditoriale, et c’est ensemble qu’elles développent aujourd’hui la maison d’édition, avec la volonté de rester « à taille humaine », préférant sortir moins de livres dans l’année mais toujours de qualité. Entourées d’autrices et d’illustratrices de talent, elles proposent des ouvrages pensés dans des formats originaux et pratiques à manipuler, en portant un soin tout particulier aux images et au graphisme. La collection « Petit Cahier d’Amour », Les Fables de La Fontaine, 1 Loup pour 3 Contes et Susie et Sam à Paris sont venus compléter les imagiers, en attendant la sortie prochaine d’une nouvelle collection, « La Maison des Yogis », ainsi que d’un calendrier perpétuel des fruits et légumes, entre autres.
Raphaëlle partage aujourd’hui un bel atelier rue Francoeur avec les illustratrices Clémentine du Pontavice et Charlotte Roederer, ainsi que Marie-Pierre, une autre de ses amies ; un atelier qu’elles souhaitent ouvrir au public en organisant prochainement des rencontres ou des lectures avec les enfants, bref un lieu de vie pas si éloigné de l’idée initiale de Raphaëlle !