Connus dans le monde entier, les cabarets de Montmartre font partie intégrante de l’histoire du quartier. Jusqu’à la Belle Epoque, il s’agissait principalement de simples débits de boissons où l’on pouvait également manger pour certains. On en comptait beaucoup sur la Butte puisque située de l’autre côté de la barrière d’octroi (au niveau des boulevards de Rochechouart et de Clichy), l’alcool y était moins cher.
Vers la fin du XIXe siècle, les établissements sont de plus en plus nombreux à proposer des spectacles, et progressivement, le terme de cabaret ne sera plus associé qu’à ce type de lieu. Montmartre compte ainsi parmi les plus célèbres de l’époque, depuis l’illustre Chat Noir, considéré comme l’un des premiers cabarets artistiques, jusqu’aux bals du Moulin Rouge ou du Moulin de la Galette, en passant par le Divan Japonais ou encore le Cabaret des Assassins, devenu le Lapin Agile.
Quelques années plus tard, certains cabarets de taille plus modeste deviendront de véritables tremplins pour les jeunes artistes, et nombreux sont les chanteurs à avoir fait leurs débuts dans les cabarets montmartrois du haut de la Butte, parmi lesquels Chez Patachou ou encore Chez Ma Cousine.
Parmi tous ces établissements, il n’en subsiste aujourd’hui plus beaucoup, mais qui font incontestablement partie du patrimoine montmartrois. Le plus célèbre d’entre eux, le Moulin Rouge, continue d’accueillir chaque année plus 600 000 spectateurs, tandis que Madame Arthur, premier cabaret travesti de Paris ouvert en 1946, est devenu, depuis sa réouverture en 2015, l’un des endroits les plus branchés de la capitale. Un peu plus haut rue des Martyrs, le cabaret de Michou n’a jamais désempli depuis 1956, et ne devrait finalement pas fermer ses portes malgré la disparition de son fondateur en janvier dernier.
A l’angle de la rue des Saules et de la rue Saint-Vincent, le Lapin Agile fait dignement perdurer la tradition. Ouvert en 1860, l’établissement, d’abord connu sous le nom de Rendez-Vous des Voleurs puis de Cabaret des Assassins, deviendra le Lapin à Gill (ou Lapin Agile) en référence à son enseigne représentant un lapin sortant d’une casserole et dessinée par le caricaturiste André Gill. L’histoire du lieu est foisonnante et fera l’objet d’un article complet. Notons cependant que, racheté en 1913 par Aristide Bruant, il fut l’un des hauts lieux du Montmartre Bohème du début du XXe siècle, puis deviendra après la seconde guerre mondiale un tremplin pour de nombreux chanteurs, Claude Nougaro, entre autre, y ayant fait ses débuts. Le Lapin Agile s’enorgueillit aujourd’hui d’être un conservatoire vivant de la chanson française, en proposant tous les jours un spectacle en continu à partir de 21h où le public est invité à participer de manière conviviale.
Plus haut en remontant sur la Place du Tertre, Chez Ma Cousine fait également partie des derniers cabarets montmartrois. Fondé en 1928 et d’abord nommé Le Petit Breton, l’établissement a connu son heure de gloire à partir de 1946, ouvrant sa scène à des artistes débutants comme Bourvil, Jean Carmet, Fernand Raynaud ou encore Pierre Perret. Depuis, le cabaret n’a jamais cessé de proposer des dîners-spectacles au cours desquels se produisent toujours de jeunes talents.
Si la crise sanitaire que nous traversons actuellement touche forcément de plein fouet tous ces établissements, certains sont particulièrement menacés et ont besoin de notre soutien. C’est ainsi que Le Lapin Agile et Chez Ma Cousine, en attendant leur réouverture que tout le monde espère prochaine, ont récemment lancé des cagnottes en ligne et comptent sur la mobilisation de tous les amoureux de Montmartre pour les aider à continuer de faire vivre ce qui a fait l’histoire et fait toujours aujourd’hui l’âme de notre quartier.
- Pour soutenir Le Lapin Agile : bit.ly/2ZCHKTM
- Pour soutenir Chez Ma Cousine : bit.ly/2WYEP6f