Pigalle, éternel théâtre d’aventures et de nombreuses intrigues est aujourd’hui l’origine même de ce roman graphique signé Pierre Christin et Jean-Michel Arroyo. Sorti en avril 2022, « Pigalle, 1950 » raconte l’arrivée à Paris d’Antoine, dit Toinou, un jeune homme ayant quitté son Aubrac natal des rêves d’émancipation plein la tête.
De nouvelles personnes, de nouveaux animaux (singes et panthères ont remplacé les vaches et cochons de l’Aveyron), un nouveau langage, et même de nouvelles lumières (les néons de la capitale lui brûlent les yeux)… Pigalle va s’offrir à Antoine comme un lieu de découvertes et de premières fois. Petite main dans une auberge du fin fond de l’Aubrac il y a encore peu, c’est en homme-à-tout-faire du cabaret de La lune bleue qu’il intégrera la vie parisienne. Et c’est là, qu’il fera l’irrésistible rencontre de Mireille. Orpheline, en charge de sa petite sœur et protégée de « Beau Beb » (patron de La lune bleue) la jeune femme fera chavirer le cœur d’Antoine.
Aux côtés de Mireille, il va croiser le chemin de multiples destins parisiens : « Poing-Barre » le catcheur de la porte de Clignancourt, « Pare-Brise » le comptable du Sentier, « Beau Beb », l’homme d’affaire de Belleville… Tous se côtoient dans ce cabaret de Pigalle, comme carrefour de la Ville lumière et tournant dans chacune de leurs existences. Mais si cette nouvelle vie avait tout pour sourire à Antoine, les sombres affaires de son patron vont l’entrainer dans une spirale infernale. Un casse, des malfrats corses, une vendetta, des trafics, de la prison : des vies entières seront chamboulées. Enivré par sa fougue et sa naïveté, Antoine se retrouve malgré lui au cœur d’un polar rythmé par la mélancolie du Paris nocturne des années 50.
Les illustrations de Jean-Michel Arroyo nous transportent dans un quartier parfois fantasmé mais donnent une épaisseur certaine au récit de Pierre Christin. Du marché Saint-Pierre à la place du Tertre, les images de Montmartre et de Pigalle se lient aux mots et emportent le lecteur. Même pour ceux qui (comme nous !) n’étaient pas encore nés en 1950, l’immersion est totale et captivante !