Jeudi 30 septembre dernier, les portes des magasins Tati se refermaient définitivement sur plus de 70 ans d’histoire. Tout le quartier attendait depuis de savoir ce que deviendraient les bâtiments emblématiques à l’angle des boulevards Barbès et Rochechouart. Hier soir, une réunion d’information publique avait lieu pour faire le point sur le projet de restructuration des lieux.
Après l’annonce en juillet 2020 de la fermeture des magasins, la Mairie de Paris annonçait en février 2021 que le bâtiment serait transformé en logements et lançait un appel à projets dans le cadre du processus « Réinventer Paris 3 ». Ce que tient à rappeler Mario Gonzalez, adjoint au Maire du 18e chargé de l’urbanisme et du logement, c’est qu’il s’agissait d’un projet privé sur une parcelle privée, sachant que les propriétaires avaient accepté de rejoindre cet appel à projets. Celui-comportait un certain nombre de critères imposés par la Mairie de Paris, à savoir :
- la conservation maximale du bâtiment existant, toute démolition devait être clairement justifiée
- une construction la plus performante possible d’un point de vue écologique
- l’inscription du projet dans le patrimoine architectural et culturel parisien et montmartrois
- le création de logements sociaux
Pour sa part, la Mairie du 18e rappelait également ses points d’intention :
- faire en sorte que les projets reprennent l’identité forte d’un quartier historique entre Montmartre et la Goutte d’Or, et celle des magasins Tati, populaires et accessibles
- la préservation du style architectural faubourien et haussmannien
- le souhait que puisse être imaginé un lieu culturel en résonnance avec le quartier, à mi-chemin entre le FGO Barbara et les salles de l’Elysée Montmartre et de la Cigale
- le maintien d’une activité commerciale forte et diversifiée en rez-de-chaussée qui réponde aux attentes du quartier
Si le projet d’Immobel a été retenu, c’est qu’il répondait à la majorité de ces critères, mêlant logements, commerces, bureaux, hébergement hôtelier et espace culturel tout en préservant au mieux l’identité du bâtiment. Une identité d’autant plus forte que l’ilot mélange deux styles architecturaux typiquement parisiens avec son bâtiment d’angle haussmannien et ceux de style faubourien le long du boulevard. Une identité également renforcée par l’histoire des lieux, le bâtiment d’angle ayant d’abord été historiquement occupé par la brasserie Dupont, avant que Tati ne vienne s’installer d’abord au 3 rue Belhomme en 1948, puis n’investisse progressivement le reste des bâtiments jusqu’à devenir dans les années 80 parmi les lieux parisiens les plus visités devant la Tour Eiffel !
Si les façades ont relativement peu évolué durant « l’ère » Tati, ce n’est pas le cas de l’intérieur des bâtiments, certains planchers ayant même changé de niveau au fil du temps. D’un point de vue architectural, le projet prévoit donc une remise en valeur du bâtiment d’angle, véritable figure de proue du quartier, afin de conserver les façades en pierres de taille et les vitrines de magasins. Un nouveau socle fera le tour de l’îlot, permettant aux arches et aux entresols commerçants de rester fidèles au bâti d’origine. Côté boulevard de Rochechouart, les façades faubouriennes seront ravalées, tandis que de plus larges vitrines commerçantes seront installées. La partie arrière de l’îlot située rue Bervic, qui servait jusqu’alors de zone technique aux magasins Tati, sera quant à elle détruite puis reconstruite avec de grandes vitrines ouvertes sur l’espace public et une partie haute, inexistante à ce jour, qui abritera des logements. Tandis que la passerelle de la rue Belhomme disparaîtra, le bâtiment de l’autre côté de la rue sera transformé en résidence hôtelière. Enfin sur le toit, deux grandes terrasses végétalisées et partagées seront aménagées, une à destination des logements et l’autre pour les bureaux. Beaucoup regretteront sans doute qu’elle ne soit pas accessible au public, ne restera plus qu’à se faire inviter par un résident ! Au chapitre des bonnes nouvelles, on notera toutefois que la mythique enseigne Tati installée sur le toit de la structure haussmannienne sera bel et bien conservée.
© Studio Belem / Fiction Studio
Pour résumer, le projet prévoit :
- 20 appartements en accession à la propriété et 10 appartements sociaux
- 2 500 m2 de bureaux
- plus de 1000 m2 de commerces en pied d’immeuble
- un équipement culturel ouvert sur le quartier intégrant une salle de spectacle
- une résidence hôtelière de 15 appartements
Le calendrier prévoit quant à lui un démarrage des travaux à la fin de l’année 2022 pour une inauguration au troisième trimestre 2024. D’ici là, une occupation temporaire sera mise en place à partir du mois d’avril jusqu’au début du chantier. Et s’il est encore trop tôt pour connaître les enseignes qui occuperont les espaces commerciaux, une attention toute particulière sera apportée pour veiller à la mixité et à la diversité des activités proposées, sachant qu’il serait pertinent d’avoir au moins un commerce de bouche tout en préservant l’identité d’un quartier très marqué par le textile.