Au pied de la Butte Montmartre et à deux pas de la mairie du 18e, la rue du Poteau est surtout connue pour ses nombreux commerces de bouche, qui en font l’une des rues les plus animées de Jules Joffrin. Depuis un peu plus de deux ans, elle abrite aussi une petite pépite de boutique vintage et écoresponsable qui répond au doux prénom de Raymonde ; un espace qui s’inscrit dans l’histoire du quartier bien plus qu’on ne pourrait l’imaginer…
Car pour trouver Raymonde, il faut chercher Roger, ou plutôt les chaussures Roger, le magasin de souliers historique de la rue du Poteau. Ouvert en 1895, il prendra en 1916 le nom du fils des propriétaires né la même année. Juste après la Seconde Guerre mondiale, Roger épouse Raymonde, qui donne aujourd’hui son nom à la boutique de sa petite-fille Julie. Celle-ci aurait pu, comme ses grands-parents puis ensuite ses parents, rejoindre l’affaire familiale. C’est d’ailleurs ce qu’elle pense faire au début, lorsqu’elle leur propose de faire rentrer chez Roger des chaussures plus responsables. Mais elle s’aperçoit assez vite qu’un simple corner dans cette boutique historique n’a pas vraiment de sens, tout comme il était hors de question pour elle de révolutionner cette institution. Le petit local juste à côté se libérant, elle décide alors de le reprendre pour en faire une boutique à part, avec sa propre identité, tout en conservant ce lien historique et familial.
Au début, on ne trouvait chez Raymonde que des chaussures écoresponsables. Julie avait une idée assez précise sur la question, et ne souhaitait par exemple proposer que des chaussures vegan. Sauf que qui dit vegan dit plastique, alors que c’est finalement le cuir qui reste le matériau le plus solide ! Elle travaille aujourd’hui avec des marques dont elle connaît parfaitement la démarche, et dont les valeurs sont celles qu’elle souhaite défendre : Good Guys Don’t Wear leather qui utilise des plastiques de maïs ou de pomme, O.T.A qui fabrique des baskets en cuir à la semelle en pneu recyclé, ou Faguo reconnu pour son engagement en matière d’écologie.
Et parce que Julie a toujours fréquenté les brocantes et les ventes aux enchères, elle s’est mise assez vite, en plus des chaussures, à proposer une sélection de vêtements vintage ; des fripes qu’elle chine et auxquelles elle redonne un coup de neuf avant de les remettre en vente. Sa sélection correspond à ses goûts bien sûr, mais aussi à ceux de ses clients qui trouvent toujours chez Raymonde de belles pièces originales. Car si l’idée de Julie était à la base de communiquer autour des valeurs éthiques et écoresponsables de son offre, elle s’est très vite rendue compte que la boutique était finalement une vraie boutique de quartier fréquentée aussi bien par les ados que par les mères de famille, les working girls et leurs maris, et même les mamies.
On adore sa sélection ultra cool et tendance, qui montre à quel point la mode est un éternel recommencement et certaines pièces indémodables, et qui nous sensibilise par la même occasion à un mode de consommation plus responsable. Avec Raymonde, c’est un nouveau chapitre de l’histoire du quartier qui démarre ; une histoire que Julie, consciente de l’incroyable héritage familial qui est le sien, souhaite faire perdurer encore de nombreuses années.