Alors que l’on s’apprête à célébrer les 150 ans de la Commune de Paris, il est temps de revenir sur le parcours de Louise Michel, l’une des figures marquantes de cette page d’histoire de France. C’est en effet à Montmartre que celle qui fut surnommée « la vierge rouge » s’installa bien avant le premier jour de l’insurrection populaire le 18 mars 1871.
Née en Haute-Marne en 1830, Louise Michel emménage à Paris en 1856 où elle exerce la profession d’institutrice rue du Château d’Eau dans le 10e arrondissement. En 1865, elle arrive à Montmartre et achète un externat au 5 rue des Cloys, avant d’en ouvrir un autre au 24 rue Oudot (aujourd’hui rue Championnet), où elle aurait eu pour élève la jeune Mathilde Mauté de Fleurville, future Madame Verlaine.
A Montmartre, Louise Michel aurait également dirigé une école rue du Mont-Cenis, à l’angle de la rue Becquerel, mais les sources divergent, et c’est à se demander si lorsque Louise écrivait « Vers la fin de l’Empire, j’habitais avec ma mère une petite demeure gaie et proprette où j’avais installé mon école. Je ne tardai pas à avoir beaucoup d’élèves. J’aimais ces enfants de Montmartre, gentilles et franches, espiègles et bavardes comme de jeunes oiseaux… », elle ne parlait pas de l’école des Cloys ou de la rue Oudot (et pas Houdon comme on peut le lire parfois).
Ce qui est en revanche certain c’est que Louise était une femme de lettres. Tandis qu’elle écrit des poèmes sous le nom d’Enjolras, elle échange quelques lettres avec Victor Hugo, collabore à des journaux d’opposition et fréquente les milieux révolutionnaires où elle rencontre Jules Vallès ou encore Eugène Varlin. On peut ainsi la voir tenir des réunions publiques au Club Rouge de la Reine Blanche, à l’emplacement de l’actuel Moulin Rouge, où les militants se réunissaient tous les soirs à 20h.
Lorsqu’après la chute du Second Empire elle est élue présidente du Comité de vigilance des citoyennes du 18e arrondissement en 1870, elle fréquente régulièrement le 41 rue de Clignancourt, siège du Comité où vit également Théophile Ferré, dont elle tombe amoureuse. Le 18 mars 1871, Louise Michel est en première ligne lorsque les soldats de la Garde Nationale tentent de récupérer les canons disposés sur le haut de la Butte pour défendre Paris contre l’ennemi prussien. Elle se transformera même en infirmière pour soigner les blessés, et fait partie de ceux qui donneront l’alerte, provoquant le soulèvement des parisiens.
Durant la Commune, Louise Michel est membre du 61e bataillon de marche, et participe avec rage aux combats notamment au Cimetière de Montmartre ou sur la Barricade de Clignancourt, où elle est blessée. Après s’être rendue aux Versaillais le 24 mai pour faire libérer sa mère, elle sera finalement jugée puis condamnée à la déportation en Nouvelle-Calédonie où elle restera jusqu’en 1880.
De retour en France, elle s’installe au 45 boulevard Ornano, et poursuit son engagement politique, se réclamant ouvertement du mouvement anarchiste. En 1895, elle fonde avec Sébastien Faure le journal Le Libertaire, dont le siège est situé au 15 rue d’Orsel. Elle meurt à Marseille le 9 janvier 1905, et des milliers de parisiens suivront son convoi funéraire jusqu’à Levallois-Perret quelques jours plus tard.
Il faudra attendre 2004 pour que l’ancien Square Saint-Pierre, créé en 1877 et rebaptisé en 1927 Square Willette au pied du Sacré Cœur, ne prenne le nom de Louise Michel, rendant ainsi hommage à celle qui fut une véritable héroïne de l’histoire de Paris.