De mémoire de montmartrois, il existe une cordonnerie au 5 rue Constance au moins depuis les années 70. En reprenant l’atelier du même nom il y a quelques mois, William et Géraldine comptent bien perpétuer la tradition et ainsi apporter leur pierre à l’édifice de cette longue lignée d’artisans qui prennent soin de nos souliers dans le quartier.
Si l’on n’a pas trouvé d’informations avant cette date, on sait qu’en 2004, c’est Anthony Delos, considéré comme l’un des meilleurs bottiers de France et aujourd’hui associé à la prestigieuse maison Berlutti, qui rachète l’atelier de la rue Constance. C’est d’ailleurs là qu’il crée l’un de ses modèles emblématiques, le Constance. C’est ensuite Romain Didier, jeune bottier également parmi les meilleurs, qui investit les lieux. Il s’y forge une réputation d’exception, non seulement dans le quartier mais également à travers tout Paris. En juillet 2015, Romain passe la main à Jérôme Voisin, qui fait de l’atelier une véritable cordonnerie « à l’ancienne », et qui se taille une réputation hors pair dans le quartier.
Pendant ce temps, William et Géraldine se rencontrent chez Louboutin où ils travaillent tous les deux, elle en tant que coordinatrice d’atelier, lui en charge aussi bien de l’accueil des clients que des réparations et du repiquage. De leur amitié naît assez vite l’envie de lancer un projet professionnel commun aussi passionnant que dans la prestigieuse maison, mais à plus petite échelle. Ils entendent parler de la rue Constance par un compagnon du devoir, et rencontrent Jérôme qui à l’époque n’a aucun projet de départ. Et puis, hasard ou coïncidence, c’est finalement lui qui les rappelle, ayant été amené à prendre un poste important chez… Louboutin ! Géraldine passe alors plusieurs mois à ses côtés, ce qui lui permet de se faire la main mais surtout de faire connaissance avec les clients de Jérôme qui lui font désormais confiance.
Le projet a mis du temps à aboutir, puisqu’après l’épisode COVID, ce sont de longs travaux qui ont retardé la réouverture de l’atelier. Mais du temps, William et Géraldine en ont, ou en tout ils revendiquent de pouvoir en prendre. Car si Rome ne s’est pas faite en un jour, réparer des chaussures non plus ! Et c’est bien là leur spécificité. Quand certaines enseignes se contentent de « poser des pansements », nos deux complices opèrent un travail en profondeur, travaillant autant sur l’esthétique que sur la partie technique. C’est ainsi qu’il leur arrive d’avoir de vraies surprises, et pas toujours bonnes, quand il s’agit de démonter une chaussure.
L’avantage de travailler en binôme, c’est qu’ils sont très complémentaires, Géraldine étant titulaire d’un CAP de cordonnier bottier chez les Compagnons du Devoir, et William d’un BTS industrie chaussure. Il connaît ainsi toutes les contraintes techniques liées à la fabrication d’un soulier, et n’hésite pas à entièrement « désosser » un sac ou un escarpin pour le réparer. Les deux complices vont même jusqu’à transformer certains modèles pour leurs clients avant, d’ici quelques années, pouvoir fabriquer leurs propres modèles.
William et Géraldine fourmillent d’idées mais on l’a dit, ils ne sont pas pressés. En attendant, ils font le bonheur de ceux qui leur confient leurs chaussures, avec qui ils ont déjà créé de véritables liens. Qu’il s’agisse de réparer un sac ou une paire d’escarpins abimée, de ressemeler des bottes, de nettoyer des baskets ou même de remettre à neuf une paire de charentaises, rien ne les effraie, et ils le font en plus avec un immense sourire.
Leur prochain projet ? Finir enfin les travaux pour faire de l’Atelier Constance un lieu plus design dans un esprit boutique qui leur ressemble vraiment ; parce que William et Géraldine se sentent définitivement bien à Montmartre et qu’ils ont la ferme intention d’y rester ! C’est tout le mal que l’on nous souhaite.