Il y a un peu plus d’un an, la rue La Vieuville (et les montmartrois) découvrait avec délice la cuisine levantine de Mezaia. Un lieu au format de poche autoproclamé dealer de houmous, dont le nom signifie les plaisirs de la vie. Et c’est vrai qu’ici, du plaisir, on en prend beaucoup, car qui n’a jamais goûté le houmous à la truffe de Mezaia n’a jamais ressenti une telle sensation. Quand on pense qu’au départ le papa de Marc n’en voulait pas…
Marc, c’est le jeune homme à l’origine du projet. Son père exerce le métier de topographe lorsqu’éclate la guerre au Liban. Il devient alors boulanger, puis vient travailler en France où il crée une pâtisserie libanaise. Marc a 13 ans lorsqu’il le rejoint avec sa famille, et il passe de longues heures « la main dans le pâton » à travailler avec lui, découvrant le goût des bonnes choses et des saveurs authentiques. Après le BAC, le jeune homme s’inscrit finalement dans une école de commerce et en ressort diplômé en comptabilité.
Sauf que son rêve, malgré une appétence certaine pour les chiffres, c’était de travailler dans la nourriture. Il imagine alors un concept de « traiteur moderne » qui ne propose pas seulement des plats à emporter mais aussi une offre de street food différente des traditionnels traiteurs libanais. Et quand le destin s’en mêle, l’histoire est encore plus belle. C’est lors d’une balade romantique avec la jeune femme qu’il vient d’embrasser pour la première fois devant le Sacré Cœur qu’il remarque un local à céder rue La Vieuville. Là, il a comme un flash, confirmé par un second coup de foudre lors de la visite. Et comme Marc aime les chiffres, il se pose devant le local et compte le nombre de passants. Cette fois, le doute n’est plus permis, il signe une semaine plus tard et ouvre Mezaia un mois après.
Nous, on a tout de suite adopté les fameux rolls, sandwichs maison à base de galettes de pain saj garnis de shawarma, de halloumi, de falafels ou de keftas, entre autre, que Marc préparait quasiment en vitrine. Une fois à l’intérieur, on a eu envie de tout goûter, tellement les bouchées, les mezzés et bien entendu les pâtisseries nous faisaient de l’œil. Mais c’était sans compter sur le fameux houmous, parce que si on avoue une passion pour la version à la truffe, on en trouve aussi ici au basilic, à la betterave ou au zaatar… C’est l’année d’études que Marc a passé en Italie qui lui a donné l’idée, comme pour les pâtes, d’en proposer dans plein de goûts différents. Et ça pour le papa, il n’en était pas question. Mais vous savez quoi ? Maintenant, il en mange aussi !
Il faut dire que rares sont ceux que Mezaia n’a pas convaincu, à commencer par ce couple de touristes venus par hasard le jour de l’ouverture et qui sont revenus à la même date cette année, promettant de faire de même à chaque séjour à Paris. Un succès tel qu’il a depuis pu racheter un fond pour créer un laboratoire et même un deuxième restaurant dans le 20e arrondissement. Pas question pour autant d’abandonner la rue La Vieuville « parce qu’ici c’est mon bébé, je ne le lâcherai jamais ! Je dois beaucoup à Montmartre, mais surtout à mon père, sans qui je ne serais rien ». Un papa qu’il définit comme le processeur dans un ordinateur, et qui a d’ailleurs lâché sa propre affaire pour suivre son fils et l’accompagner à 100% dans cette aventure.
Le réaménagement récent du lieu permet désormais de s’asseoir et de manger sur place, et c’est particulièrement agréable en hiver parce qu’il y fait toujours chaud. La bonne nouvelle pour ceux qui lisent ces lignes et qui n’ont pas la chance d’habiter le quartier, c’est que Mezaia livre désormais partout en France. Tout est bon, même très très bon, mais au fait, on vous a parlé du houmous à la truffe ?