Allez, ne dites pas le contraire, on connaît tous de près ou de loin un Patoche, que ce soit un bon copain ou un cousin éloigné. Et si vraiment ça n’est pas le cas mais que vous êtes à Montmartre, alors on en a un très sympa à vous présenter. Rendez-vous au pied de l’escalier de la rue Drevet aux Abbesses. Promis, vous allez l’adorer, et encore plus si vous aimez la bière !
Patoche, c’est d’abord le surnom du père d’Alex. Alex, c’est le pote d’Hugo depuis le CE1. En 2017, Hugo achète un petit kit de brassage à la maison. Les deux copains se prennent au jeu et commencent à brasser en amateur dans le garage de Patoche à Sartrouville. Ils ont tous les deux un métier (Hugo dans le social, Alex dans le marketing digital) mais assez vite, ils se posent la question de savoir s’ils n’en feraient pas leur activité principale. Parce qu’en amateurs éclairés, ils ont sorti leur première bière, qu’en toute logique ils ont baptisé Patoche, histoire de rendre à César ce qui lui appartient.
Mais Alex et Hugo ne comptent pas en rester là. Leur idée, c’est d’ouvrir un brewpub, c’est-à-dire un bar où la bière est brassée sur place ; car autant on compte pléthore de bars à bières dans Paris, autant des brewpubs, il en existe moins d’une dizaine. Et comme nos deux amis vivent dans le 18e, ils se mettent naturellement à chercher pas loin de chez eux. C’est en répondant à l’appel à projets lancé par Paris Habitat pour occuper le pied d’immeuble du tout nouveau bâtiment à l’angle de la rue des Trois Frères et de la rue Drevet qu’ils décrochent la timbale. Le lieu est idéal, suffisamment grand et avec du passage : « honnêtement, le projet n’aurait jamais pu exister sans ce local, mais on a bossé dur pour l’avoir ! ».
La ville avait en effet pas mal d’exigences, et surtout l’envie de ramener de l’artisanat dans Paris. Patoche cochait donc toutes les cases, et fin juin 2022, la brasserie ouvrait ses portes à Montmartre. Pendant les six premiers mois, Alex et Hugo n’ont pas vu pas le jour, sur le pont dès 9h du matin pour brasser, puis à partir de 17h pour faire vivre le bar. Depuis janvier, ils sont épaulés par Quentin, devenu responsable brasseur, puis depuis juillet dernier par Anaïs, qui s’occupe du bar en début de semaine.
Car il faut bien le dire, Patoche est un véritable succès, « et encore, la capacité de production n’est pas à son maximum, mais on n’a pas assez de temps ». Aujourd’hui, entre huit et dix bières sont brassées sur place ; des bières classiques et d’autres plus atypiques comme la bière à la citrouille ou aux fruits rouges, qui suivent le rythme des saisons. « L’idée, c’est qu’on puisse de plus en plus se diversifier, mais en attendant, on propose aussi des bières franciliennes, brassées dans 19e et le 20e, ainsi que dans le 77 et le 78 ». Patoche produit aussi sa propre limonade, disponible à la pression.
Mais pour boire de la Patoche, il faut venir chez Patoche ! 95% de la production est en effet écoulée au bar. Ceux qui souhaitent en boire à la maison peuvent aussi acheter des bouteilles, ou encore mieux, amener leur propre growler, « mais c’est un mode de consommation qui est encore peu répandu en France ». Qu’à cela ne tienne, l’ambiance est tellement sympa qu’on a de toute façon envie de se poser pour profiter du lieu. D’autant qu’on peut aussi grignoter fromages, charcuteries et conserves végétariennes également produites dans le 18e !
Toutes les deux semaines, une nouvelle exposition est présentée sur les murs de la brasserie, tous les jeudis soirs, Patoche programme des jam sessions de folie, et depuis quelques semaines, Alex et Hugo animent des ateliers de dégustation avec visite de la brasserie et initiation au brassage. « On est vraiment super contents, et on sent un réel engouement pour ce qu’on fait ». Il faut dire qu’entre les centaines de touristes trop contents de faire une pause avant l’ascension de l’escalier rue Drevet ou après leur balade dans le quartier, et les fidèles montmartrois qui ont fait de Patoche leur QG, le lieu ne désemplit pas. Et c’est amplement mérité, parce que les deux garçons se donnent vraiment du mal, avec une vraie volonté de s’inscrire dans la vie locale mais également dans une démarche responsable, en recyclant tous leurs déchets alimentaires pour en faire du compost.
Surtout, ils ont du talent ! Preuve en est leur première place à La Route de la Bière 2023, compétition amicale entre dix microbrasseries parisiennes, alors qu’il s’agissait de leur première participation. Bravo les garçons ! Et pour fêter ça, nous on reprendra une pinte bien fraiche !
*L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. A consommer avec modération.