S’il est un théâtre intimement lié à l’histoire de Montmartre, il s’agit bien du Théâtre de l’Atelier. Et seul un homme passionné autant par l’histoire du lieu que par l’art du théâtre pouvait en prendre la direction. C’est bien le cas de Didier Long, metteur en scène de renom, qui a repris depuis quelques mois les rênes de l’Atelier, et qui compte bien lui rendre toute la place qu’il mérite dans le quartier ; comme on le comprend !
Construite en 1822, à l’époque où Montmartre et le village d’Orsel faisaient encore partie des faubourgs de Paris, la salle, entièrement construite en bois et alors nommée Le Montmartre, proposait principalement des vaudevilles et des opéras-bouffe. Symboliquement rebaptisé Théâtre du Peuple en 1848, Le Montmartre connaîtra succès et déboires, et deviendra même plusieurs années durant un cinéma, avant que la direction artistique du nouveau Montmartre Théâtre ne soit confiée en 1922 à Charles Dullin, qui y avait lui-même fait ses débuts de comédien au tout début du siècle.
Photo : Atget
C’est grâce à lui que le lieu gagnera ses lettres de noblesse, et qu’il sera renommé Théâtre de l’Atelier, du nom de sa compagnie. Les plus grands acteurs de l’époque s’y sont produits, parmi lesquels Sarah Bernhardt qui y triomphe dans La Dame Aux Camélias, ou encore Jean-Louis Barrault qui y fait ses débuts. En homme de conviction, Charles Dullin met en scène à l’Atelier des auteurs comme Achard ou Pirandello, sans pour autant abandonner les classiques, de Shakespeare à Molière.
En 1940, il confie le Théâtre de l’Atelier à son ami, le décorateur André Barsacq, qui concrétise ainsi son rêve de mise en scène. Barsacq dirigera l’Atelier jusqu’en 1973, poursuivant l’œuvre de Dullin en mettant en scène, entre autres, Jean Anouilh, Marcel Aymé, Françoise Sagan ou Dostoïevski. A sa mort en 1973, c’est Pierre Franck qui lui succède. Il mettra lui aussi en scène nombre d’auteurs prestigieux (Pirandello, Ionesco, Beckett…) et d’interprètes aussi immenses que Michel Bouquet et Laurent Terzieff. Depuis 1999, c’était Laura Pels qui dirigeait le théâtre, s’attachant à maintenir tant l’image prestigieuse du lieu que la qualité de sa programmation.
Se retrouver à la tête d’un lieu aussi mythique n’est pas une mince affaire, mais c’était le rêve de Didier Long, arrivé en février 2015. Il avoue d’ailleurs s’être souvenu qu’alors qu’il était encore au lycée, il avait avoué à l’un de ses copains rêver un jour de diriger l’Atelier ; comme quoi il faut toujours y croire ! En devenant directeur de l’Atelier, Didier réalise donc son rêve, mais accomplit surtout un acte militant : celui d’ouvrir le théâtre sur le quartier, et de manière plus générale, sur la cité. Il parle volontiers d’idéalisme responsable : « les pieds sur terre et la tête dans les étoiles ». Parce que le théâtre n’est pas réservé à une élite, et parce que la création, sous toutes ses formes, a un vrai rôle citoyen à jouer.
Programme ambitieux s’il en est, mais Didier Long veut s’en donner les moyens : d’abord en ouvrant le théâtre à d’autres formes d’art, pour créer du lien avec tous les publics, mais également en pratiquant une politique tarifaire préférentielle pour les habitants du quartier. Ainsi, en vous recommandant du code « voisin » ou « Montmartre Addict » (ça marche aussi), les montmartrois bénéficient de tarifs spéciaux. (Directement au guichet ou par téléphone au 01 46 06 49 24)
A l’affiche actuellement, trois spectacles :
- Danser à la Lughnasa de Brian Friel – Mise en scène : Didier Long
Place à 26,10€ en 1ère catégorie (au lieu de 42,10€)
- Hyacinthe et Rose – Un spectacle de François Morel
Place en 29,10€ en 1ère catégorie (au lieu de 36,10€)
- Dino fait son crooner Shirley sa crâneuse
Place à 29,10€ en 1ère catégorie (au lieu de 36,10€)
Sans oublier également les places au tarif jeune à 10€ pour les moins de 26 ans.
De nombreux projets sont aujourd’hui à l’étude, notamment celui de travailler avec les écoles du quartier, ou encore les réseaux associatifs. Il y a tellement de choses à faire, mais l’enthousiasme de Didier Long laisse réellement présager du meilleur.
C’est donc un nouveau chapitre de l’histoire du Théâtre de l’Atelier qui démarre, avec la volonté affirmée de son nouveau directeur de poursuivre la longue tradition qualitative de découverte d’auteurs, de metteurs en scène et de comédiens, en redonnant envie au public d’aller plus souvent au théâtre ; parce qu’il est aujourd’hui responsable d’une entreprise mais également d’une histoire, et quelle histoire !
N’oublions pas qu’en plus, le Théâtre de l’Atelier est un lieu absolument sublime, avec sa façade classée, sa salle à l’italienne et son bar qui offre une vue imprenable sur la Place Charles Dullin. Combien sont les montmartrois qui n’y ont peut-être jamais mis les pieds ? Notre quartier abrite l’un des théâtres les plus prestigieux au monde, soyons-en fiers !
Retrouvez toute la programmation du Théâtre de l’Atelier
dans l’agenda ainsi dans l’onglet actualités.
Publié le 15 octobre 2015